Villa Saint Antoine/ Jérémie Bourgeois

"Wrong Side of Heaven"

D’Iron Maiden à Pantera, enchainer au Hellfest les concerts durant des journées de plus de 10 heures à souvent tendance à creuser l’appétit du festivalier. Depuis quelques années maintenant, nous profitons du Hellfest pour écumer les tables de Clisson pour établir quelle est la meilleure adresse où s’attabler durant le Festival. Pendant longtemps la Cascade faisait office de numéro 1 à nos yeux, avec son cadre champêtre, les pieds dans l’eau et une cuisine bistronomique pleine d’éclat. Cette adresse était le phare du bien manger et de la détente dépaysante loin de toute la furie du Hellfest mais le départ du jeune chef Mathieu Roux à changer la donne. Nous nous sommes donc mis à la recherche du nouveau best spot de « Clisson Rock City ». Après étude des différentes propositions, nous avons donc donné sa chance à la table de la Villa St Antoine.

Clisson, cité festive pendant le Hellfest

Lovée en plein coeur du centre historique de Clisson, la Villa St antoine, ancienne filature de lin reconvertie en hôtel 4 étoiles et sa table éponyme, jouissent d’un panorama unique sur le château fort de Clisson et la terrasse extérieure surplombant la Sèvre offre à n’en pas douter l’un des plus beaux spots pour déjeuner à Clisson.

Si le cadre est à la hauteur de notre recherche, la carte, elle, promet des intitulés intéressants reposant sur un ancrage local et de saison.
Tout s’annonce pour le mieux et c’est avec un magnifique yamazakura 16 ans et un appétit féroce que nous laissons le chef Jérémie Bourgeois nous démontrer l’étendue de son talent.
Que pourrait-il arriver de mal?

Long Hard Road Out Of Hell

L’expérience fut, il faut bien le dire, des plus surprenantes dans le mauvais sens du terme, allant de déconvenue en déconvenue en passant par de lourdes fautes techniques dans un établissement d’un tel standing.
En guise de préambule, un gaspacho tomate et mousse chipotle qui oscille entre le feu du piment et la fadeur du gaspacho. Anecdoctique

Gaspacho tomate et mousse chipotle

La mogette en cromesquis, mousse de jambon sec et tuile de pieds de cochon, condiments piquillos est une entrée imparfaite. Le condiment piquillos joue bien sa partition dans les acides légumiers, les cromesquis de mogette sont goûteux et bien executés et l’ensemble se lie avec une sauce vierge mogette-piquillos-olive de bonne tenue mais la partie carnée est,elle, complétement absente. La tuile de pieds de cochon et la mousse de jambon crue sont l’une comme l’autre sans goût rendant l’ensemble bancal malgré de bonnes intentions initiales, dommage!

La mogette de la ferme de la Mégrière

L’asperge de Loire Atlantique, souffre d’un double problème: d’abord un calibre bien trop petit(format mikado) pour développer une mache intéressante et enfin plus grave, cette dernière est mal préparée car encore filandreuse. Elle est accompagnée par une tuile noire de type chips de riz au goût indéfinissable mais le plat trouve un second souffle avec un gravlax de truite maison très bien traité et un beurre nantais à l’aneth et aux oeufs de truite gourmand. Là encore,le sentiment d’imprécision demeure.

L’asperge de Loire Atlantique, gravlax de truite

La dorade royale, brocolinis rôtis, topinambour en crèmeux et en vierge avec olives kalamata et piquillos enfonce le clou avec un poisson gravement sous assaisonné.
L’assiette baigne littéralement ( « se noie » serait plus proche de la vérité) dans une sauce vierge qui reprend quasi trait pour trait la même composition que l’entrée, le topinambour en crèmeux devient lors de l’annonce du plat un risotto safrané et à vrai dire l’ensemble manque tellement de goût qu’il est difficile de savoir à quoi on a à faire. Dans ce plat, seuls les brocolinis rôtis sont bien traités dans leur gourmandise végétale tout en primeur. Un plat sans envergure et sans passion.

Dorade, brocolinis, vierge péquillos et Kalamata

Mention spéciale pour le service, prompt, beaucoup trop prompt ! Les plats s’enchainant les uns les autres plus vite qu’un riff de guitare lors d’un concert de thrash metal. A tel point qu’il est difficile de prendre le temps de déguster un verre de vin avant que le prochain arrive. Pourtant, le vin méritait que l’on s’y attarde à ce propos on notera également la versatilité de la qualité de service qui pour le même vin sur deux tables différentes carafe ce dernier ou le laisse en bouteille selon la tête du client.

Brevage local

On finira par le gâteau nantais, pamplemousse, opalys coco; un dessert qui a le mérite de mettre en avant cette spécialité nantaise que l’on voit trop peu sur des tables gastronomiques. Mais il est regrettable que la pièce maitresse soit reléguée dans cette composition à la partie congrue avec seulement deux petites portions alors que toute la lumière va clairement sur l’agrume: en suprême, en sorbet et en gel.
L’ensemble est certes gourmand et un équilibre net se dégage entre l’opulence de l’opalys coco et l’acidité de l’agrume mais l’identité du plat laisse perplexe, aucune déclinaison sur les marqueurs tels que le rhum ou l’amande. Le gâteau nantais aurait pu être remplacé par n’importe quel autre gâteau que le résultat aurait été le même. L’expérience s’achèvera sur une note plutôt positive mais la construction du plat pour mettre en avant cette spécialité pâtissière locale nous aura laisser plus que perplexe.

Gateau Nantais, pamplemousse, opalys coco

Pour une expérience gastronomique digne de ce nom et ce malgré un cadre des plus flatteurs, il faudra passer son chemin et aller voir ailleurs.

Restaurant Villa St Antoine

• 8 rue Saint-Antoine, 44190 Clisson
• Ouvert 7j/7

www.hotel-villa-saint-antoine.com

Verdict :

Cuisine Inintéressante

Villa Saint Antoine/ Jérémie Bourgeois

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